• 20 23 72 59 / 20 22 49 13
  • Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Toutes nos actualités

Bintou Dembélé Keita est directrice de l’association ARCAD Santé plus au Mali. A l’occasion d’un point presse sur la question du genre dans les projets de recherche scientifique organisé en amont de la journée internationale des droits des femmes, elle est revenue sur la prise en charge des femmes vivant avec le VIH au Mali et plus largement en Afrique de l’Ouest.

 
Bonjour Dr Dembélé Keita, pouvez-vous vous présenter et présenter l'association ARCAD Santé PLUS du Mali ?
 

Je suis la directrice générale de l’Association pour la Résilience des Communautés pour l’accès  au Développement et à la Santé Plus (ARCAD Santé plus). C’est au sein de cette dernière que nous nous engageons pour la lutte contre le sida, qui concerne des communautés en situation de vulnérabilité - et sont de ce fait les plus exposées à cette maladie - en leur facilitant l’accès à la prévention et aux soins. Nous avons créé le premier centre communautaire d’accès à la prévention et aux soins en 1996, reconnu par l’Etat malien. Le CESAC de Bamako a la plus grosse file active avec environ 7000 patients suivis sous antirétroviraux (ARV). 

 
Pourquoi l'association s'intéresse-t-elle aux questions de genre et à la prise en charge des femmes ?
Texte

Depuis sa création, le CESAC* compte environ  60 à 65 % de femmes vivant avec le VIH parmi les patients suivis sous ARV. La question du genre s’est donc invitée dans nos activités de routine, il a fallu développer des approches spécifiques pour résoudre les multiples problématiques qui sous-tendent la prise en charge des femmes vivant avec le VIH, à savoir : la discrimination, la rupture des liens conjugaux, familiaux et l’obstruction par la belle-famille d’accès aux droits par la femme suite au décès de son conjoint.

Le CESAC, Centre d’écoute de soins d’animation et de conseils est un centre de soins communautaire mis en place par ARCAD-Sida pour y réaliser des activités de dépistage et de soins pour les personnes atteintes du VIH/sida : https://www.prb.org/resources/le-centre-de-traitement-du-sida-malien-est-un-modele-en-afrique-occidentale/  
 
En quoi les femmes vivant avec le VIH sont-elles plus stigmatisées que les hommes vivant avec le VIH ?
 

Les femmes qui vivent en Afrique de l’Ouest sont pour la plupart soumises à des normes dictées par la société qui les affaiblissent. En effet, les rapports de domination patriarcaux sont présents à plusieurs niveaux : sur le plan social, économique et sexuel. Par exemple, le port du préservatif est décidé par le conjoint et rarement par l’épouse. En matière de dépistage, une femme a deux fois plus de chance qu’un homme d’être dépistée la première : en effet, la grossesse ou la maladie de l’enfant sont des opportunités qui peuvent faciliter la découverte du statut de la femme. Lorsque cela intervient dans un couple, la femme est accusée d’être à l’origine de la maladie et cela constitue un motif d’abandon ou de divorce. Cela peut également déclencher de multiples réactions négatives au sein de sa famille et/ou de sa belle-famille qui peuvent la fragiliser davantage.

Texte

 NOTRE STRATÉGIE COMMUNAUTAIRE VISE À FAIRE EN SORTE QUE LES SERVICES DE SANTÉ SOIENT PROCHES DES BÉNÉFICIAIRES AFIN DE MAINTENIR LES SUIVIS MÉDICAUX 

Titre
Comment définir votre stratégie communautaire envers les femmes vivant avec le VIH ? Qui sont les acteurs majeurs de cette stratégie communautaire ? En quoi facilitent-ils l'application de cette dernière ?
Texte

Notre stratégie communautaire tend à rapprocher les services de santé des bénéficiaires afin de maintenir les soins médicaux. Notre démarche communautaire consiste également à travailler en partenariat avec les associations et/ou réseaux de malades -dont les membres, paires éducatrices ou conseillères psycho-sociales - sont soutenus afin qu’ils puissent offrir différents services : information, éducation conseil, dépistage avec des tests rapides et référence vers un centre de santé en cas de séropositivité. Cette stratégie a l’avantage d’élargir l’accès aux systèmes de santé pour les populations situées dans des zones éloignées qui ne vont pas - pour des raisons économiques mais aussi de stigmatisation - spontanément vers les centres de santé. 

 
Quels objectifs cette stratégie communautaire a-t-elle permis d'atteindre ?
 

En 2021 nous avons réalisé des dépistages au sein de la communauté en appliquant différentes stratégies. Pour aller vers les femmes enceintes, nous avons privilégié la stratégie du « porte à porte » qui consiste à aller dans les quartiers précaires situés en périphérie, afin d’entrer en contact avec les familles pour leur proposer des services d’information et de dépistage. Pour les travailleuses du sexe, nous avons mis en place des bus médicalisés, stationnés devant les maisons closes, les paires-éducatrices réalisent également des séances de sensibilisation et de dépistage. Ainsi, en 2021 7 036 femmes enceintes ont été dépistées, dont 98 se sont révélées positives au VIH ; 9 781 travailleuses du sexe ont également été dépistées et 800 d’entre elles ont été diagnostiquées séropositives. 

 

L’EMPOWERMENT DES FEMMES CONSTITUE UN ENJEU IMPORTANT POUR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS LIÉES AU GENRE

 
Qu'est-ce qu'il faudrait, selon vous, pour réduire les inégalités ?
 

Réduire les inégalités nécessite une pleine participation des femmes à tous les niveaux, il faudrait les outiller pour qu’elles prennent le leadership, qu’elles soient au centre de l’expression de leurs besoins et de la stratégie de soins. L’empowerment des femmes constitue, en cela, un enjeu pour réduire les inégalités liées au genre.


Le Dr Aliou Sylla, ARCAD Santé PLUS et Coalition PLUS à l’honneur !

Le Dr Aliou Sylla,  fondateur et Président d’honneur de ARCAD Santé PLUS a été nommé comme Membre du Conseil d’Administration de la Société Africaine AntiSida (SAA). Il en est représentant de la zone Afrique de l’Ouest en compagnie de son homologue le Professeur Morenike Oluwatoyin Ukpong du Nigeria.

La SAA est une organisation africaine qui. La Société africaine anti-sida, en tant que garante de la Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique, offre aux chercheurs, aux décideurs et aux communautés, une plateforme d'échange, de mobilisation et de promotion de l'innovation scientifique. Elle est un espace de collaboration entre organisations et partenaires nationaux, sous régionaux, régionaux, continentaux et internationaux pour promouvoir et instituer des politiques de promotion de la recherche, pour soutenir les réponses et approches nationales dans la lutte contre le VIH et les comorbidités liées au VIH, ainsi que les infections virales émergentes sur le continent

En alignement avec la constitution du SAA, le Conseil d’Administration est composé de 10 membres élus des 5 zones du continent. Deux représentants de chacune des 5 zones sont élus suite à un vote électronique conformément à l’article 10.1 de la constitution de SAA.

Dr Aliou Sylla est par ailleurs Conseiller Réseaux auprès du Directeur Général de Coalition PLUS dont ARCAD Santé PLUS est membre fondateur depuis 2008. Auparavant, Dr Sylla a été Directeur des réseaux et du bureau Afrique de Coalition PLUS de 2016 à 2020 et Coordinateur de la Cellule Sectorielle de Lutte contre le Sida du Ministère de la Santé de 2005 à 2013. De 1994 à 2005, Dr Aliou Sylla a dirigé ARCAD SIDA devenue ARCAD Santé PLUS et le Centre d’Ecoute de Soins, d’Animation et de Conseil (CESAC) de Bamako après avoir créé ces deux structures pionnières de la lutte contre le Sida au Mali ! 

Bon mandat Dr Sylla !


Nous avons le plaisir de vous faire parvenir l'article publié par la revue scientifique The Lancet sur le projet CohMSM-PrEP, qui a été coordonnée par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’association malienne ARCAD Santé PLUS. L'étude a eu lieu dans quatre pays de l'Afrique de l'Ouest.

La Direction Recherche Communautaire de Coalition PLUS a coordonné l’ensemble des activités communautaires liées à cette étude. Nous vous présentons ici un résumé de l'article en français. 

Si vous le souhaitez, vous pouvez lire l'article au complet (en anglais) ici

 


La PrEP (ou prophylaxie pré-exposition) est un traitement qui prévient d'une infection au VIH s’il est pris quotidiennement (PrEP en continu) ou en suivant un schéma à la demande (PrEP à la demande).

L’accès à la PrEP en Afrique de l'Ouest est une stratégie de santé publique qui demeure difficile pour les les hommes qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Pourtant, depuis 2014 l’OMS recommande la PrEP aux HSH qui souhaitent diversifier leurs outils de prévention face au VIH. 

L’étude que nous vous présentons aujourd'hui s’est déroulée entre novembre 2017 et avril 2020 et a eu lieu dans quatre cliniques associatives de quatre pays d’Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Togo et Mali. Il s’agit de la première étude qui montre des résultats sur la prise de la PrEP, l’incidence du VIH, les changements dans les pratiques sexuelles et la prévalence des IST chez les HSH en Afrique de l’Ouest.

Quelle a été la méthodologie de cette étude ?

Il s’agit d’une étude de cohorte, où un près de 600 participants a été suivi pendant une période de temps en particulier.

L’étude CohMSM-PrEP a également été :

  • Interventionnelle : les participants ont reçu des services directement, dont le traitement pour la PrEP et le suivi médical qui inclut dépistages et vaccins, par exemple. Ils ont aussi eu accès à un counseling et accompagnement par des pairs-éducateurs à tout moment, ce qui a sans doute renforcé leur engagement à l’étude.
  • Multicentrique : elle a eu lieu parallèlement dans quatre sites différents : clinique des Halles d’ARCAD Santé PLUS (Mali) et les associations EVT (Togo), AAS (Burkina Faso) et Espace Confiance (Côte d’Ivoire).
  • Multidisciplinaire : des professionnels de la recherche et de la santé d’horizons et spécialités différentes y ont participé en y apportant leurs méthodologies.

Et Coalition PLUS, dans tout ça ?

Le rôle de la Direction Recherche Communautaire de Coalition PLUS (DRC) a été de former mais, surtout, d’accompagner les pairs-éducateurs tout au long de l’étude. La DRC a créé divers outils à destination des pairs-éducateurs dont des vidéos de soutien ou des jeux pour mieux comprendre les schémas de prises. Elle a aussi organisé l'envoi des piluliers et la création de groupes de paroles thématiques. Au total, 9 pairs éducateurs ont participéà des ateliers de formation et ont suivi les participants tout au long de l'étude. Finalement, la DRC a également contribué au renforcement des capacités en recherche des pairs-éducateurs, qui ont pu participer à des conférences scientifiques et y présenter leur travail et les enjeux de l’accompagnement communautaire dans une offre de PrEP à l’aide de posters scientifiques. 

Quels ont été les résultats de cette étude ?

Que ce soit en prise quotidienne ou à la demande, la PrEP a permis de réduire les nouvelles contaminations par le VIH au long de la durée de l’étude. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs et chercheuses ont analysé plusieurs résultats.

Au total, 598 HSH ont participé au projet de recherche dont 246 (41 %) au Mali, 118 (20 %) au Burkina Faso, 117 (20 %) en Côte d'Ivoire et 117 (20 %) au Togo. Lors du début de l’étude 445 participants (74 %) avaient choisi la PrEP à la demande et 153 (26 %) la PrEP quotidienne.

L'adhérence à la PrEP à la demande était optimale pour 41% des cas et sous optimale ou pauvre pour 28% pendant que 31% d’entre eux n’ont pas pris la PrEP du tout. L’adhérence à la PrEP quotidienne, qui était donc prise tous les jours, était plus élevée.

Lors de l’étude, la prévalence des principales IST autres que le VIH et la fréquence de la pratique du le sexe anal sans préservatifs sont restées stables tout au long du suivi.

L’utilisation simultanée de la PrEP et le préservatif lors de la dernière relation sexuelle était plus basse chez les participants sous PrEP intermittente que chez ceux qui avaient opté par une PrEP quotidienne (p=0·013). Cette utilisation des deux méthodes de protection a d’ailleurs diminué tout au long du suivi (p=0·0025). 

Ainsi, cette étude multipays a démontré que les HSH recevant la PrEP dans le contexte d’une offre d’outils de prévention présentaient une incidence au VIH (2,3 pour 100 années-personnes) plus basse que celle de l’étude précédente, CohMSM, qui n’incluait pas la PrEP dans son offre de prévention. Toutefois, l’adhérence à la PrEP n’était pas forcément adéquate, spécialement chez les participants qui prenaient la PrEP intermittente. Ceux-là sont donc des résultats qui demandent une réflexion, car l’adhérence est un élément clé pour l’efficacité de la PrEP.

Qu’est-ce qu’on pourrait en retenir ?

  • Les résultats de cette étude sont encourageants ! Il y a eu une très basse incidence de l’infection au VIH (2,3 pour 100 années-personnes).  L’incidence relevée par l’étude ANRS-CohMSM, où la PrEP ne faisait pas partie de l’offre de prévention, était de 10,0 pour 100 personnes-années. La mise à disposition de la PrEP a donc aidéà prévenir des infections au VIH et n’a pas menéà une augmentation des autres IST. 
  • Les programmes qui offrent la PrEP auront le défi de retenir dans les soins les usagers de PrEP. Pour que ces bons résultats d’incidence continuent dans la vraie vie, l’offre de PrEP doit systématiquement être accompagnée d’un suivi médical et associatif ancré dans la communauté. Le rôle des pairs-éducateurs est donc clé pour l'engagement des personnes qui souhaitent accéder à la PrEP. Ainsi, l’implication des organisations qui militent dans la lutte contre le sida, tels que les membres de Coalition PLUS, sont essentielles encore et toujours.
  • Les HSH de l’Afrique de l’Ouest semblent plus enclins à choisir la PrEP intermittente, comme le montrent aussi des résultats d’études similaires en France. La PrEP quotidienne était préférée par les HSH qui avaient un nombre de partenaires sexuels masculins plus élevé. Ainsi, les deux régimes semblent complémentaires et les deux devraient être offerts afin de permettre aux HSH d’adopter le schéma de prise qui comble au mieux leurs besoins. Plutôt que d’opposer le schéma de prise continue et celui à la demande, une réflexion doit être faite sur comment bien démarrer et comment bien arrêter la PrEP.
  • La PrEP doit poursuivre son implémentation et faire partie à part entière de l'offre de prévention en Afrique de l'Ouest. En plus, son offre devrait être élargie à d'autres populations pour qui elle pourrait combler des besoins en matière de prévention au VIH. Des projets, menés par Coalition PLUS et ses membres, commencent déjàà voir le jour. C’est le cas du projet multi-pays PrEP Femmes qui a comme objectif d'évaluer l’intérêt des femmes dans trois pays (Maurice, Mali et Maroc) pour la PrEP et identifier les barrières d’accès à ce traitement préventif du VIH, à travers une étude qualitative et quantitative. Pour en savoir plus: https://www.coalitionplus.org/enquete-acces-prep-femmes/

 

 

Paris, le 26 mai 2021

Communiqué de presse

Prévention du VIH : efficacité confirmée de la prophylaxie pré-exposition en Afrique de l’Ouest

Que ce soit en prise quotidienne ou à la demande, la prophylaxie pré-exposition – ou PrEP – a permis de réduire les nouvelles contaminations par le VIH dans une étude de cohorte menée dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest pendant 2 ans et demi chez près de 600 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). En outre, l’utilisation de la PrEP ne s’est pas accompagnée d’un « relâchement » des comportements sexuels et d’une augmentation des autres infections sexuellement transmissibles.

Les résultats de cette étude, menée par des chercheurs de l’Inserm et de l’IRD et soutenue par l’ANRS et Expertise France (L’Initiative), viennent d’être publiés dans The Lancet HIV, le 25 mai 2021.Ils démontrent l’intérêt de rendre la PrEP plus largement disponible dans les programmes de prévention contre le VIH en Afrique de l’Ouest.

Si la prévalence du VIH est relativement faible dans la population générale en Afrique de l’Ouest (1,4 %), elle est élevée parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH), estimée à 13,3 %. Parmi les outils de prévention, l’OMS recommande depuis 2014 la mise à disposition de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Cependant, son déploiement en Afrique se heurte à différents obstacles : coût, accès aux soins, stigmatisation…

Le projet ANRS-CohMSM-PrEP, coordonné par le Dr Christian Laurent, directeur de recherche à l’IRD au sein de l’unité de recherche mixte internationale TransVIHMI (IRD, Inserm, Université de Montpellier) et par la Dr Bintou Dembélé Keita, directrice de l’association ARCAD Santé PLUS au Mali, a évalué l’acceptabilité de la PrEP à la demande ou en continu, l’évolution de l’incidence du VIH, les modifications des comportements sexuels et de la prévalence des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes chez les HSH au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Ce projet s’inscrit dans la continuité de l’étude de cohorte ANRS-CohMSM, démarrée en 2015, qui s’intéressait aux mesures de prévention n’incluant pas la PrEP.

Ainsi, l’équipe de recherche a inclus 598 HSH majeurs ayant un risque élevé d’être infectés par le VIH, entre novembre 2017 et avril 2020 dans quatre cliniques communautaires à Abidjan, Bamako, Lomé et Ouagadougou. Ces personnes ont été suivies pour une durée totale de 743,6 personnes-années. Des visites médicales régulières étaient programmées, ainsi que des entretiens avec des pair-éducateurs.

A l’inclusion, 74,4 % des participants ont choisi la PrEP à la demande, contre 25,6 % la PrEP en continu. Tous avaient le choix de changer le mode de prise à leur convenance au fur et à mesure de l’étude. La PrEP en continu était notamment préférée par ceux qui avaient un nombre élevé de partenaires sexuels. « Globalement, indique Bintou Dembélé Keita, cela montre que ces options sont complémentaires et toutes deux devraient être proposées dans les programmes de prévention. »

Au fil de l’étude, 17 participants sont devenus séropositifs au VIH, portant l’incidence de l’infection à 2,3 pour 100 personnes-années. En comparaison, elle s’élevait entre 15,4 et 16 pour 100 personnes-années pour les HSH ne prenant pas la PrEP dans de précédentes études au Nigéria et au Sénégal. L’incidence relevée par l’étude ANRS-CohMSM était de 10,0 pour 100 personnes-années.

L’observance à la PrEP n’était en revanche considérée comme optimale que pour 41,2 % des participants du groupe « prise à la demande », contre 71,1 % pour le groupe « prise en continu ».« De plus, on a observé une réduction globale de l’utilisation de la PrEP au cours du suivi dans les deux groupes.Ces résultats sont inquiétants, car on sait que l’observance est un facteur essentiel de l’efficacité de la PrEP », rappelle Christian Laurent.

La fréquence des rapports sexuels anaux sans préservatif est restée stable tandis que le nombre de partenaires sexuels masculins et le nombre de rapports sexuels avec un partenaire occasionnel ont même diminué au cours du suivi. En outre, les prévalences de la gonorrhée, de la chlamydiose et de la syphilis sont restées stables.

Par contre, l’équipe de recherche a constaté que, malgré l’implication de pair-éducateurs, 26,6 % des personnes suivies ont été perdues de vue, après un suivi médian de 6,3 mois.« Retenir les personnes qui ont besoin de la PrEP dans le système de soins sera un vrai défi pour les futurs programmes de prévention », indique Bintou Dembélé Keita.

L’étude rapporte également un risque limité de résistance aux antirétroviraux : seul un participant infecté pendant le suivi avait une résistance à l’une des deux molécules de la PrEP et il n’était pas possible de déterminer s’il avait été infecté par un virus résistant ou s’il avait développé la résistance en raison de la PrEP.

Au total, cette étude de démonstration de la PrEP en Afrique de l’Ouest est encourageante.« Cet outil devrait être déployé rapidement dans les programmes de prévention en Afrique de l’Ouest. Cependant, une attention devra être donnée à la bonne observance à la PrEP pour qu’elle puisse atteindre pleinement son potentiel », concluent les auteurs.

En savoir plus :

 

HIV pre-exposure prophylaxis for men who have sex with men in West Africa: a multicountry demonstration study

Christian Laurent1, Bintou Dembélé Keita2, Issifou Yaya1, Gwenvael Le Guicher1, Luis Sagaon-Teyssier3, Mawuényégan K Agboyibor4, Alou Coulibaly2, Issa Traoré5, Jean-Baptiste Malan6, Irith De Baetselier7, August Eubanks3, Lucas Riegel8, Daniela Rojas Castro3,8, Hortense Fayé-Ketté9, Amadou Koné10, Souba Diandé11, Claver A Dagnra12, Laetitia Serrano1, Fodié Diallo2, Ephrem Mensah4, Ter Tiero E Dah1,5,13, Camille Anoma6, Bea Vuylsteke7, Bruno Spire3, on behalf of the CohMSM-PrEP Study Group.

1 IRD, Inserm, Univ Montpellier, TransVIHMI, Montpellier, France
2 ARCAD Santé PLUS, Bamako, Mali
3 Aix-Marseille Université, Inserm, IRD, SESSTIM (Sciences Economiques et Sociales de la Santé et Traitement de l’Information Médicale), Marseille, France
4 Espoir Vie Togo, Lomé, Togo
5 Association African Solidarité, Ouagadougou, Burkina Faso
6 Espace Confiance, Abidjan, Côte d’Ivoire
7 Institute of Tropical Medicine, Antwerp, Belgium
8 Laboratoire de Recherche Communautaire, Coalition PLUS, Pantin, France
9 Institut Pasteur, Abidjan, Côte d’Ivoire
10 SEREFO, University Clinical Research Center, University of Science, Technique and Technology of Bamako, Mali
11 Laboratoire National de Référence de la tuberculose, Ouagadougou, Burkina Faso
12 Centre Hospitalier Universitaire, Laboratoire National de Référence de la tuberculose, Lomé, Togo
13 Institut National de Santé Publique, Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso

The Lancet HIV

https://doi.org/10.1016/S2352-3018(21)00005-9

 

Contacts presse :

 

Département de communication et d’information scientifique de l’ANRS - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Service presse IRD - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Eléonore Avenet – direction de la communication de l'Université de Montpellier - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


Suivez-nous sur facebook

Nos vidéos Récentes

RESTEZ INFORMé

Retrouvez les actualités d’ARCAD SANTE PLUS et de ses partenaires directement dans votre boite mail

 

ARCAD SANTE PLUS

Prévention et soins

Appui technique

Plaidoyer

Associations partenaires

Médiathèque

Liens utiles

Nous suivre

© 2024 ARCAD SANTE PLUS. Tous droits reservés.
frFRenEN