Selon l’ONUSIDA, les cinq principaux groupes de population qui sont particulièrement vulnérables au VIH et n’ont pas toujours accès aux services adéquats sont les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), les travailleuses du sexe (TS), les utilisateurs de drogues injectables (UDI) les personnes transgenres, et les personnes incarcérées dont les détenus. Ces populations sont ainsi appelées populations clés.

Dans son plan stratégique national intégré de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et les hépatites virales, le Mali reconnait les HSH, les TS et les UDI comme populations clés et donc prioritaires en matière d’intervention. Le taux de prévalence du VIH au sein de ces populations, 12,6% chez les HSH (source CSLS, 2020), 8,7% chez les TS (source IBBS, 2019) et 5,1% chez les UDI (source ARCAD Santé PLUS, 2015) est particulièrement plus élevé que dans la population générale où il est de 1,1% (EDSM 2012-2013). Les jeunes filles et femmes en âge de procréer, les transgenres et les détenus sont quant à eux des populations considérées comme vulnérables et bénéficiant d’investissements plus importants que la population générale.

ARCAD Santé PLUS agit auprès des populations clés et vulnérables au VIH depuis 2004. De services embryonnaires, des programmes ambitieux de prévention et de prise en charge ont vu le jour au fil des années que ce soit en stratégie fixe (au sein de centres de santé sexuelle), en stratégie mobile (dans les lieux de de rassemblement et/ou de travail des cibles « points chauds ») ou en ligne (internet).

Toutefois, nous, acteurs communautaires, restons confrontés depuis plus de 15 ans à de nombreux défis, récurrents, quant à l’existence et au fonctionnement de nos services vers les populations clés. Il nous faut de l’ingéniosité, mais surtout beaucoup de détermination dans un contexte socio-culturel particulièrement défavorable où il existe peu (voire pas) de financements domestiques pour les programmes dédiés. Des menaces d’agression du personnel et des bénéficiaires sont souvent proférées.

Que cela soit au Mali, ou ailleurs en Afrique de l’Ouest, l’accès des plus concernés par l’infection à VIH aux soins ne peut se faire qu’à travers une approche communautaire permettant leur adhésion et leur implication dans un cadre convivial et de confiance. C’est ce discours que nous tenons, inlassablement, auprès des autorités et de la population. C’est un plaidoyer continu auprès des pouvoirs publics nationaux et une sensibilisation de tous les jours pour créer et maintenir un environnement favorable à nos activités.

Au HCNLS:

• De faire le plaidoyer en vue de la mobilisation des ressources et de la pleine adhésion des populations aux interventions auprès des populations clés et vulnérables.

Au Ministère de la Santé:

• D’élargir la classification de populations clés aux transgenres femmes;
• D’appuyer le HCNLS dans la mobilisation de ressources;
• De mettre à l’échelle nationale des initiatives ayant fait leurs preuves telles que les centres de santé sexuelle à travers: l’inscription de ces dispositifs dans le protocole national de prise en charge et la mise à disposition des organisations à base communautaire de ressources financières ou humaines.

Au Fonds mondial et aux autres partenaires techniques et financiers :

• De plaider pour de plus grands investissements domestiques en soutien des organisations à base communautaire intervenant auprès des populations clés;
• De veiller à la représentativité des populations clés et vulnérables au sein des instances de décision et de suivi du Fonds mondial au niveau national comme international.